Mireille Vautier, aînée d’une sœur, est née le 17 Mars 1940 dans une famille de la bourgeoisie normande, petite fille de l’industriel Marcel Grillard, fondateur de l’industrie du lait Gloria. D’un mode de vie conforme aux usages de ce milieu, qui réunit aux vacances et aux fêtes familiales toute la famille au château de Saint Blaise à Bricquebec (Normandie), elle y exprime déjà une grande acuité d’observation dans ses mises en scène de saynètes enfantines.
Déjà conduite par ses aspirations aux voyages, à Sces. Po., elle se diplôme au titre des Relations Internationales à l’IEP de Paris en 1961 (bac +5).
A la suite d’un concours, elle part aux Etats Unis, notamment à l’Université de Cornell. Puis revient, repart…devient membre des Américanistes, photographe professionnelle (carte n° 2321), puis Grand Reporter, elle parcourt le monde : l’Afrique, les Etats Unis, mais surtout l’Asie du Sud Est et l’Amérique Latine, dont elle deviendra une spécialiste reconnue, un monde qu’elle ne cessera de faire découvrir par toutes ses publications (livres, catalogues de musées, magazines, guides, expositions (ex UNESCO, Les Journées de l’Equateur, 1977,/Institut Français du Cambodge, 2013…) .
Dès ses 21 ans, elle est donc partie. Elle ne reviendra qu’en transit pour ses grands RDV avec les chercheurs du CNRS, comme Danièle Lavallée, devenue Directeur émérite, les archéologues américanistes ou du Musée de l’Homme, et les éditeurs.
Connue pour sa rigueur de photographe, certes, mais aussi pour ses références scientifiques (légendes et textes), elle revient dans les villes pour y rencontrer Directeurs et Conservateurs de musées, Universitaires et Archéologues, Editeurs et Bibliothécaires, Collectionneurs privés…en s’appuyant toujours sur leurs expertises.
Et, première Européenne et première photographe dans les Andes et en Amazonie, elle assied définitivement sa renommée de Grand Reporter par ses clichés qui deviennent les premiers témoignages historiques de référence, envers une population encore vierge de toute influence et demeurée peu accessible.
L’Amérique Latine la retiendra environ 20 ans: 4 ans au Mexique, 6 ans au Pérou et en Bolivie, 1 an en Equateur, 18 mois au Brésil, 8 mois à Cuba, auxquels s’ajoutent de grands retours ponctuels.
Elle est devenue la spécialiste des civilisations pré-colombiennes, (meso-américaines et andines), des époques coloniales, des religions et de leurs différents syncrétismes.
En Asie du Sud-Est, elle y restera 10 ans, dont 9 ans au Cambodge, 6 mois en Indonésie, et plus brièvement en Birmanie, au Sri-Lanka et au Laos. Son travail extraordinaire sur Angkor, les peintures des temples, les pagodes du Cambodge et de Thaïlande, ses connaissances sur l’Hindouisme et le Boudhisme lui vaudront également la reconnaissance des plus grands experts avec qui elle collabore.
Des Etats Unis, elle retiendra surtout l’Alaska, la Californie, le Nevada, les Rockies et New York.
Ses milliers de photo démontrent un grand sens bien sûr esthétique, par des jeux d’ombre et de lumière après des heures d’attente devant un temple, par exemple, mais aussi un souci d’archéologue qui, par des angles de vue inattendus, restituent des personnages à moitié effacés ou des inscriptions passées inaperçues, ainsi qu’une tendre bienveillance envers ces hommes et ces femmes qu’en anthropologue, elle capte sur le vif dans leur quotidien.
Enfin, ayant fait la connaissance de Roland Dufau, le dernier des maîtres tireurs sur cibachrome / lifochrome début 80, Mireille Vautier, sous son impulsion, va travailler avec lui notamment pour ses tirages de port-folio pour le Salon International Annuel du Livre à Francfort en 84, 85, 86, où, avec Aline de Nanxe, seules photographes exposantes autorisées au salon, elle y présentera ses photographies. Ce qui confirma Roland Dufau dans son jugement, lui qui, ayant travaillé avec les plus grands noms de la photographie, (L.Clergue, J.Bato, Michaud, Reza, Spengler, J.-H.Lartigue, Folmi, etc. ) lui reconnut cependant une habileté unique surtout celle de photographier la lumière dont elle faisait son meilleur sculpteur. Et le cibachrome est justement ce fameux papier polyester, seul au monde pour « coller à la réalité des couleurs » et rendre la lumière « tridimensionnelle » (R Dufau, interview D. Lefevre,2016).
Ce sont ici ses cibachromes qui sont pour la première fois exposés et vendus. (+-150).